Israël face au risque d’exclusion : l’Eurovision au cœur de la tempête

Ce devait être une fête de la musique et de l’unité européenne. Ce sera peut-être un casse-tête diplomatique.
Le Concours Eurovision de la chanson 2026, prévu à Vienne, se retrouve plongé dans une tempête politique sans précédent.
En cause : les conséquences du conflit à Gaza, et la possible exclusion d’Israël de la compétition.
Une “situation inédite” selon l’UER
Dans une lettre adressée à ses 68 membres, l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER) parle d’une “situation sans précédent”.
Depuis l’attaque du Hamas contre Israël et la riposte militaire qui a fait des milliers de victimes civiles, la pression monte sur l’organisation, accusée de “fermer les yeux” sur un contexte jugé incompatible avec l’esprit du concours.
Et cette fois, ce n’est pas la Russie — déjà exclue en 2022 — mais Israël qui se retrouve dans la ligne de mire.
Le débat, explosif, déchire les diffuseurs publics européens : certains réclament un boycott, d’autres plaident pour le respect du principe d’un concours “apolitique”.
Israël menacé d’exclusion ?
Selon plusieurs sources internes, une réunion de crise du conseil d’administration de l’UER s’est tenue à Genève, en présence du directeur général de l’ORF, Roland Weißmann, et des représentants des grandes télévisions publiques.
L’Autriche, pays hôte, tente de préserver la neutralité, mais l’affaire s’envenime : le chanteur JJ, vainqueur de l’édition 2025 à Bâle, a publiquement appelé à l’exclusion d’Israël, provoquant un véritable séisme médiatique.
“Je défends la musique, pas la politique. Mais la scène ne doit pas servir de tribune à la guerre”, aurait-il déclaré, selon la presse autrichienne.
À l’opposé, le patron de l’ORF continue de soutenir la participation israélienne, au nom de “l’universalité du concours et du dialogue par la culture”. Une position saluée par certains, jugée hypocrite par d’autres.
La pression monte sur l’UER
L’affaire dépasse désormais le cadre artistique.
Des chaînes publiques comme la BBC, RTVE (Espagne), RTÉ (Irlande), NOS (Pays-Bas), RTVSLO (Slovénie) et RÚV (Islande) auraient menacé de boycotter le concours si Israël restait en lice.
Et selon les statuts de l’UER, une vote secret peut être déclenché si cinq membres ou plus expriment leur désaccord.
Autant dire que le sort d’Israël au concours de Vienne dépend désormais d’un scrutin discret, loin des projecteurs — ce qui, pour un show télévisé suivi par 200 millions de téléspectateurs, a quelque chose d’ironiquement absurde.
Vienne maintient le cap : “le show doit continuer”
Malgré les tensions, le Concours Eurovision 2026 aura bien lieu à Vienne, dans la mythique Stadthalle, du 12 au 16 mai.
Selon l’ORF, l’événement se déroulera “spectaculaire, mais sobre” — un slogan qui, au pays de Mozart et de Red Bull, sonne presque comme une provocation.
L’objectif : sauver la fête, tout en naviguant entre les écueils diplomatiques.
“L’Eurovision n’est pas un tribunal, mais un concert de nations”, a résumé un membre de l’organisation. “Le public veut de la musique, pas des votes géopolitiques.”
Facile à dire, moins à faire.
L’art face à la guerre
Derrière le tumulte médiatique, une question persiste : jusqu’où la culture peut-elle ignorer le politique ?
Les défenseurs du boycott rappellent que “le silence est aussi un message”, tandis que les partisans du maintien invoquent la mission originelle du concours : rassembler les peuples.
Le résultat de la vote secret de l’UER est attendu en novembre.
Et quel qu’il soit, il marquera un tournant dans l’histoire du plus grand show musical de la planète.
Car cette fois, la chanson ne suffit plus à faire taire le bruit du monde.
Source: Kronen Zeitung