L’Autriche veut briller à l’Eurovision 2026… en sacrifiant la culture ? Le monde artistique dit non.

Photo: Sarah Louise Bennett (EBU)

Alors que l’Autriche se prépare à accueillir le très médiatisé Concours Eurovision de la Chanson 2026, une tempête gronde… mais pas dans le ciel tyrolien. Cette fois, ce sont plus de 600 artistes, écrivains, musiciens, metteurs en scène et institutions culturelles du pays qui tirent la sonnette d’alarme. Leur message est clair : «Pas question de financer l’Eurovision en coupant dans la culture.»

Un micro pour l’Europe, un silence pour les artistes locaux ?

Sous le nom évocateur « Pas de coupes pour la culture », cette initiative regroupe des figures emblématiques comme Elfriede Jelinek (prix Nobel, tout de même), l’acteur Cornelius Obonya, ou encore des institutions comme les maisons de la littérature de Vienne, Graz et Salzbourg, et le Festival steirischer herbst. Leur crainte ? Que les millions d’euros nécessaires à l’Eurovision viennent directement du budget… réservé à la création culturelle.

Et il faut dire que le contexte n’est pas vraiment rassurant : l’ORF, le radiodiffuseur public, subit une pression financière croissante depuis plusieurs années. Numérisation, réforme du financement, restructurations… Résultat : les rédactions culturelles se vident, les émissions sont déprogrammées, et certains portails en ligne ne publient plus rien « faute de personnel ».

Eurovision : une fierté nationale, mais à quel prix ?

Ce n’est pas la première fois que la tenue de l’Eurovision entraîne des débats passionnés, mais rarement la fracture entre strass et contenu n’a été aussi nette. Selon les signataires de la lettre ouverte, la culture est devenue une « variable d’ajustement » dans les négociations internes de l’ORF. Et pendant que les projecteurs se braquent sur la scène européenne, le rideau se ferme sur la scène locale.

L’ironie ? Même le programme « La grande chance des fanfares » a été suspendu… à cause de l’Eurovision. La culture populaire, celle qui fait vibrer les campagnes et les quartiers, semble aussi payer les frais du grand spectacle international.

Et maintenant ?

L’ORF n’a pas encore officiellement réagi, mais les artistes, eux, ne comptent pas chanter dans le vide. Et si l’Europe dansera peut-être en mai prochain à Innsbruck ou Vienne, les créateurs autrichiens, eux, ne sont pas d’humeur à faire la fête.

Comme dirait un certain Gainsbourg : « La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale. » Encore faut-il qu’il en reste un pot.

Source: Kurier

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